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Murex

Jésus, Mardochée, Lydie ont porté des vêtements de couleur pourpre. Quel est le lien avec le murex ? Petit détour par la salle 228  des Antiquités orientales (Richelieu RdC, ancienne salle 2) où ce coquillage est exposé.
Coquillage inscrit au nom de Rimush, roi de Kish
AO 21404 salle 228 vitrine 2

Vers 2270 avant J.-C.

Murex importé de la Mer Rouge ou du Golfe arabo-persique
Le nom murex est emprunté au latin murex. Dans l’Antiquité, ce terme désignait les mollusques gastéropodes dont on extrayait la pourpre sur la côte phénicienne. La Bible mentionne indirectement le murex ; deux espèces méditerranéennes communes, le poivre (Murextrunculus) et la droite épine (Murexbrandaris), étaient les fournisseurs d’une teinture pourpre coûteuse dont on teignait les tissus aux temps bibliques. AA145

Dans la partie supérieure du corps de ces mollusques se trouve une petite glande qui ne renferme qu’une gouttelette de liquide. Ce suc a la couleur et la consistance de la crème; exposé à l’air et à la lumière, il prend une coloration qui va du violet foncé au pourpre rougeâtre. La nuance de leur coloration varie selon l’endroit où on les pêche.
 

 

On trouait l’un après l’autre les plus gros spécimens, desquels on extrayait soigneusement le précieux liquide ; quant aux plus petits, ils étaient broyés dans des mortiers. La Phénicie était particulièrement réputée pour son industrie de la pourpre. Les robes de pourpre royale, ou tyrienne, se vendaient extrêmement cher, car, pour teindre quelques mètres de tissu, il fallait plusieurs milliers de coquillages. On estime qu’il fallait environ 8 000 murex pour obtenir 1 gramme de teinture pourpre. La Bible mentionne indirectement le murex. La pourpre est devenue le symbole de la royauté, de la dignité et de la richesse.

Pourpre et Murex

Tyr était le principal port maritime de la Phénicie antique, région qui correspond aujourd’hui au Liban. Cette ville était réputée pour son commerce florissant d’étoffes teintes avec un colorant vif : la pourpre ; connu, dans l’Empire romain, sous le nom de pourpre tyrienne. Une des techniques utilisées par les Hébreux pour imprégner la laine d’une couleur pourpre consistait à la faire tremper dans du jus de raisin toute une nuit, puis à la saupoudrer de garance pulvérisée. On obtenait aussi la teinture pourpre à partir de coquillages marins, les murex. AA146
“ Fils d’homme, profère sur Tyr un chant funèbre [...]. En lin d’Égypte de couleurs variées était la toile que tu déployais pour te servir de voile. Le fil bleu et la laine teinte en pourpre rougeâtre, voilà ce qui formait la couverture de ton pont. [...] Ils étaient tes commerçants en vêtements splendides. ” (Ézéchiel 27:2,7,24) « Et voici les vêtements qu’ils feront : un pectoral et un éphod, un manteau sans manches et une robe en tissu quadrillé, un turban et une écharpe ; ils devront faire les vêtements sacrés pour Aaron ton frère et ses fils, afin qu’il me serve en tant que prêtre. Et eux, ils prendront l’or et le fil bleu, la laine teinte en pourpre rougeâtre, le tissu teint en écarlate de cochenille et le fin lin »  - Exode 28:4-5

Il faut noter ici l’énorme quantité de coquillages nécessaire et son coût élevé. Pour les israélites qui se trouvaient alors en plein désert, c’était assurément une réelle contribution pour le culte. -  Exode 25:1,4.
 
Hôpital Cochin Paris

Sous les arcades du cloître, on trouve deux statues. L’une d’elle représente un grand prêtre israélite. Sur son front, ‘une plaque brillante en or pur’ sur laquelle sont gravées ces paroles : « La sainteté appartient à YHWH ». On notera aussi le détail du manteau sans manche et de l’éphod.
En raison de son coût onéreux, la pourpre est devenue le symbole de la royauté, de la dignité et de la richesse. A Rome, c’est le symbole du pouvoir. La largeur de la bande pourpre portée sur la toge et la couleur plus ou moins vive des vêtements rouges indiquent le statut social du porteur du vêtement.
 

 « Quant à Mardochée, il sortit de devant le roi, avec un vêtement royal d’[étoffe] bleue et de lin, avec une grande couronne d’or et un manteau de tissu fin, oui de laine teinte en pourpre rougeâtre. » - Esther 8:15 (voir aussi 1:5-6)

La pourpre, symbole de royauté et de pouvoir

Le Triomphe de Mardochée INV 8219 
JF de TROY 1739 Sully salle 660

A cheval et revêtu du manteau royal, Mardochée, qui avait jadis sauvé Assuérus d'une conspiration fatale, est conduit en triomphe par son ennemi Aman.

 Le Triomphe de Mardochée

Des décrets impériaux stipulaient même que celui du commun peuple qui osait se vêtir avec la plus raffinée des pourpres se rendait coupable d’un crime de lèse-majesté. Ce qui explique peut-être le geste des soldats qui revêtirent Jésus d’un vêtement de couleur pourpre. AA280
 

Le Christ devant Pilate R.F. 1997-20 Tadeusz KUNTZ Denon 1er salle 722

« Les soldats tressèrent une couronne d’épines et la lui mirent sur la tête et le revêtirent d’un vêtement de dessus pourpre ; et ils disaient : “Bonjour, Roi des Juifs !”  Jésus sortit donc dehors, portant la couronne d’épines et le vêtement de dessus pourpre. Et Pilate leur dit : “Regardez ! L’homme ! ” - Jean 19:1-7   A1128

On retrouve d'autres occurrences de la pourpre dans la Bible. AA297

Le livre des Actes parle ainsi d’une « certaine femme nommée Lydie, une marchande de pourpre, de la ville de Thyatire » (Actes 16:13-15) et l’Apocalypse « d’une femme assise sur une bête sauvage de couleur écarlate […] revêtue de pourpre et d’écarlate, parée d’or et de pierres précieuses. Et sur son front était écrit un nom, un mystère : “ Babylone la Grande, la mère des prostituées et des choses immondes de la terre. ” - Révélation 17:3-5