« La terre était encore mouillée et molle du Déluge » écrivait Victor Hugo dans le Boaz endormi. Cette œuvre remarquable nous ramène quasiment à l’époque de ce cataclysme, qui remonterait aux environs de 2370 av.n.è, suivant une chronologie biblique. A1112
Stèle de victoire du roi Eannatum
AO 50
Richelieu salle 1
La stèle dite des Vautours,
érigée vers 2450 av.n.è.
par ce roi de Lagash pour commémorer
sa victoire sur la ville d’Oumna,
est un des premiers documents historiques
parvenus jusqu’à nous.
Elle nous renseigne sur la façon
dont les Sumériens envisageaient
les rapports entre Etats et
leurs relations avec les dieux.
Stèle des Vautours,
un des premiers documents historiques
Le texte et ses illustrations se déploient sur les deux faces. Sur la face mythologique, le personnage (la taille exceptionnelle, la longue barbe, l’emblème du divin semble indiquer qu’il s’agit de Ningirson) assomme un des ennemis enfermés dans un grand filet.
Sur la face historique, au registre supérieur, les guerriers de la phalange foulent aux pieds les soldats d’Umma.
Sur la face historique, le roi et ses troupes ont la chevelure défaite pour la guerre.
Cette allure sera décrite dans la Bible par le juge Baraq :
« Puisqu’en Israël des guerriers ont dénoué leur chevelure » - Juges 5:2.
Le filet est souvent employé pour représenter un moyen de prendre quelqu’un au piège, le cerner pour l’emmener captif. Parlant de Dieu, le psalmiste écrit : « Tu nous as fait tomber dans le filet » (Psaume 66:11) et Job : « Dieu lui-même m’a égaré, il m’a enveloppé de son filet de chasse. » (Job 19:6) Dans son discours d’adieu à la nation d’Israël, Josué utilisera la même symbolique. « Ces nations devront devenir pour vous comme un filet et un piège. » - Josué 23:13
« Tu nous as fait tomber
dans le filet »
Psaume 66:11
« Dieu lui-même m’a égaré,
il m’a enveloppé de
son filet de chasse. »
Job 19:6.
« Oui, je tendrai
mon filet sur lui »
Ezéchiel 12:13
La symbolique du filet
On retrouve d’autres occurrences de cet emploi figuré en Michée (7:12) et Jérémie (Lamentation 1:13). Le moyen par lequel les Chaldéens conquirent des nations est comparé à une senne (Habacuc 1:6, 15-17). Le jugement de Dieu rendu par Osée sur Israël se lit ainsi : « Ephraïm (le royaume du Nord) est semblable à une colombe naïve. Où qu’ils aillent, je tendrai sur eux mon filet. » (Osée 7:12).
Métaphore reprise par Ezéchiel (12:13) à l’encontre du roi Sédécias, vassal infidèle : « Oui, je tendrai mon filet sur lui, et il sera bel et bien pris dans mon filet ; oui, je l’amènerai à Babylone, au pays des Chaldéens ; et là il mourra. »
Parole vivante, Pierres mortes ?
Ces morceaux de pierre, inertes, remontent bien avant le début de la rédaction de la Bible par Moïse en 1513 av.n.è. Pourtant, ce texte, transmis malgré la variabilité des supports de l’écrit, souvent périssables, est actuellement accessible, en tout ou en partie, à la majorité des humains. Cette « Parole de Dieu est (bien) vivante », suivant l’expression du chrétien Paul (Hébreux 4:12). Un argument supplémentaire de son origine divine ?