Mastaba, Bible et âme immortelle

Mastaba Louvre
Chapelle de la tombe d'Akhethétep (le mastaba)
E 10958  salle 333  Vers 2400 avant J.-C (5e dynastie) Saqqara Bas-reliefs remontés dans une maçonnerie moderne calcaire

Cette construction, « Mastaba » ou banquette en arabe, surmontait les plus riches tombes de l’époque des grandes pyramides.

Cette mastaba surmontait de riches tombes

A l’intérieur une chapelle décorée accueillait famille et visiteurs qui venaient prier pour l’âme du défunt. Les fresques murales décrivent un cadre de vie idéal. Remarquez ces pains qu'on porte sur la tête dans des paniers; ce que rappelle l'épisode de l'échanson et du panetier (Genèse 40:5-8). Notez aussi sur la droite en sortant la sculpture en forme de table dressée pour le repas afin que le mort se nourrisse éternellement. Un trait dominant de la religion égyptienne est son souci d’assurer le confort et le bonheur des âmes dans l’au-delà.

Cette pratique cultuelle consistant à honorer ainsi ses ancêtres décédés semble contraire à l’enseignement des Ecritures.

« Les vivants savent au moins qu’ils mourront, mais les morts ne savent rien du tout. » - Ecclésiaste 9:5

La religion égyptienne, le bonheur dans l'au-delà

Ensemble « fausse porte » de Méry  B 49  salle 635 1er étage

Ces stèles fausses-portes sont censées permettre à l’âme du mort de revenir dans le monde des vivants.

Selon Christiane Desroches Noblecourt, " C'est la religion égyptienne qui a pavé la voie au christianisme ". AE35

Les sarcophages salle 321

Pour les Egyptiens, un seul mot désignait à la fois la tombe et la maison.  Il y avait donc une demeure pendant la vie et une autre après la mort. Le cercueil est non seulement une protection supplémentaire du corps, mais aussi un monde en miniature. On reconnaît parfois à l’intérieur les signes du zodiaque. Il est aussi possible de suivre à l’aide d’une carte le cheminement présumé de l’âme du défunt.
sarcophages louvre
sarcophages louvre

La croyance dans une âme immortelle,
un concept égyptien et babylonien

sarcophages louvre
Hérodote, historien grec du Ve siècle av.nè., a écrit que les Égyptiens ont été « les premiers à avoir énoncé cette doctrine, que l’âme de l’homme est immortelle ». AE81

Les Babyloniens, pensait aussi que l’âme était immortelle. Quand Alexandre le Grand a conquis le Moyen-Orient en 332 avant notre ère, les philosophes grecs avaient déjà rendu populaire cet enseignement qui s’est ensuite rapidement répandu dans tout l’Empire grec. Au Ier siècle de notre ère, deux sectes juives importantes, les Esséniens et les Pharisiens, enseignaient que l’âme survit à la mort du corps. The Jewish Encyclopedia déclare que les Juifs découvrirent la notion d’âme immortelle au contact de la pensée grecque, principalement de la philosophie de Platon. L’historien juif Josèphe, qui a vécu au Ier siècle, a attribué cet enseignement, non pas aux Saintes Écritures, mais aux croyances des « fils des Grecs », qu’il considérait par ailleurs comme étant une compilation de mythes et de légendes. AE82

La croyance en l’immortalité de l’âme et ses variantes ont été façonnées par  un même concept babylonien. La mort était considérée par les théologiens chaldéens comme le passage à une autre forme de vie. C’est aussi un produit de l’esprit grec, qui doit son élaboration et son développement dans la pensée occidentale au philosophe Platon, tandis que l’espérance d’une résurrection appartient à la pensée juive. AE33 AE34

« Spinoza choquait juifs et chrétiens en découvrant que la notion d’immortalité de l’âme était totalement étrangère à l’Ancien Testament. C’est par cette idée d’immortalité que l’Egypte se distingue le plus des autres cultures. » - Jan Assmann

Alors que la culture grecque continuait de se propager, de prétendus chrétiens ont eux aussi adopté cet enseignement païen. Selon l’historien Jona Lendering, « l’hypothèse de Platon selon laquelle notre âme qui était autrefois dans un endroit meilleur vit aujourd’hui dans un monde déchu a favorisé la fusion de la philosophie platonicienne et du christianisme » (livius.org/plato). Le dogme païen de l’immortalité de l’âme a ainsi été adopté par l’Église dite chrétienne pour devenir l’une de ses croyances fondamentales.

On ne trouve dans aucun texte biblique
l’expression « âme immortelle »

Le récit de la création dit : « Yhwh forma alors l’homme avec de la poussière tirée du sol et il souffla dans ses narines le souffle de vie, et l’homme devint une âme vivante. » L’expression « une âme vivante » traduit le mot hébreu nèphèsh, qui signifie littéralement « créature qui respire » (Genèse 2:7). AE83

La Bible montre donc que Dieu n’a pas créé les humains avec une âme qui serait immortelle, mais que chaque humain est « une âme vivante », ou « un être vivant ». On ne trouve dans aucun texte biblique l’expression « âme immortelle ». La notion de l’immortalité de l’âme n'est donc pas biblique. C’est par cette idée d’immortalité que l’Egypte se distingue le plus des autres cultures.» AE32 AE35

Les termes originaux employés dans les Ecritures (héb. nèphèsh ; gr. psukhê) utilisés à propos des créatures terrestres désignent toujours ce qui est matériel, tangible, visible et mortel.